L’assurance vie halal : un marché existant ailleurs
Un concept bien établi dans les pays musulmans
L’assurance vie halal ne constitue pas une nouveauté. Elle existe depuis longtemps dans plusieurs pays musulmans sous différentes appellations.
La religion islamique interdit l’usure, le hasard et certains types d’investissements. Ces restrictions empêchent donc les musulmans de souscrire à une assurance vie classique.
Pour répondre à ce besoin, des pays comme l’Arabie Saoudite ont adapté les formules occidentales à leur culture. Le « Takaful » saoudien repose sur un modèle de solidarité. Les excédents sont redistribués aux assurés et aucun profit n’est tiré de l’usure.
Les fonds récoltés sont placés uniquement dans des secteurs compatibles avec les principes islamiques. L’Égypte, l’Indonésie et le Maroc appliquent également ce modèle.
Un marché florissant dans la finance islamique
À l’échelle mondiale, ces fonds brassent plus de 36 milliards d’euros chaque année. Ils s’inscrivent pleinement dans le cadre de la finance islamique.
Face aux difficultés économiques que traverse l’Occident, cette alternative pourrait dynamiser certains secteurs. En Europe, plusieurs pays comptent une importante population musulmane, notamment la France. L’adoption de ces produits financiers pourrait ainsi représenter une opportunité économique.
Une présence encore limitée en Europe
Les premières initiatives
Le Royaume-Uni a été l’un des premiers pays européens à proposer une assurance halal. En 2008, la société Salam Halal Insurance a lancé une formule spécifique aux musulmans. Toutefois, des difficultés financières ont entraîné la suspension de ces contrats.
En France, où la population musulmane est significative, les premières offres ont émergé dès 2009. Assurances Générales de France a initié un contrat halal pour l’Outre-mer. Ensuite, d’autres grandes compagnies, comme Swiss Life, ont suivi le mouvement.
La Compagnie française de conseil et d’investissement (CFCI & associés) a été la première à proposer une assurance vie conforme à la charia en France métropolitaine. L’investissement repose à 85 % sur des fonds actions. Contrairement aux assurances classiques, ces contrats excluent les obligations traditionnelles, car la loi islamique prohibe l’intérêt. Le reste des fonds est placé dans des produits financiers conformes à la charia.
Une alternative encore peu compétitive
L’objectif principal de ces contrats est d’offrir aux musulmans une assurance respectant les principes de la finance islamique. Cependant, leur compétitivité reste limitée face aux assurances classiques.
Les contrats halal comportent plus de risques. Le client peut perdre une partie de son capital et bénéficie de peu, voire d’aucune garantie.
Selon Anouar Houcine, directeur de la SICAV charia compatible de CFCI & associés, les prévisions de souscription restent modestes. Il vise 2 millions d’euros d’ici l’été, puis près de 15 millions avant la fin de l’année. Anouar Hassoune espère ensuite atteindre entre 30 et 40 millions d’euros d’épargne.
L’expérience étant encore récente, il est trop tôt pour juger de l’efficacité de ces assurances. Toutefois, leur développement pourrait favoriser l’inclusion financière des musulmans et offrir une nouvelle dynamique au marché.